Giorgia Meloni en Tunisie : ce n’est ni plus, ni moins qu’un évènement de taille. C’est la présidente du conseil italien qui considère que la Tunisie doit être soutenue, plutôt qu’accablée pour des raisons politiciennes. Meloni a défendu la cause tunisienne au G7, elle a réussi à ramener le président français à une vision réaliste des choses. L’Italie a même appelé ses pairs du G7 à appuyer la Tunisie auprès du FMI. Ce qui est sûr, c’est que l’Italie ne s’est jamais érigée en donneur de leçons, ni qu’elle ait stigmatisé le tournant du 25 juillet.  L’accueil cordial que lui a réservé le Chef de l’Etat est à la mesure de l’amitié séculaire liant les deux pays.  Naturellement le point focal aura consisté en ce drame de l’émigration non- règlementaire, dont la Tunisie paie les frais. « Pas tous les chemins mènent à Rome », a dit le président. L’exode subsaharien mène aussi à Tunis et le coût en est énorme.  

Giorgia Meloni promet des lignes de crédit en faveur de la Tunisie et de l’emploi aux émigrés Tunisiens. Le Président Saied affirme que la solution n’est pas exclusivement sécuritaire.

On en convient des deux côtés. Mais au-delà de l’écume des choses, la symbiose s’est mue entre deux pays que tout unit et que rien ne séparera, parce que Saied et Meloni y ont mis de la ferveur et de l’intensité lucide. 

Les deux parties ont évoqué les relations d’amitié et de coopération étroite entre les deux pays et ont rappelé quelques étapes historiques témoignant de la proximité entre les deux peuples, même au niveau de certains termes qui ont été transmis de la Tunisie à l’Italie et vice versa.

« Immigration inhumaine »

La réunion a abordé plusieurs sujets, notamment la question de l’immigration qualifiée d’irrégulière ou non réglementée, mais qui est en réalité une migration « inhumaine »

Dans ce contexte, le président de la République a précisé que la Tunisie supporte de nombreux fardeaux car elle n’est plus seulement un point de transit, mais aussi une destination pour de nombreux migrants cherchant à s’y installer illégalement. Certains d’entre eux créent des écoles et des garderies en dehors de tout cadre légal, ce qui est inacceptable. L’État est le seul à monopoliser la législation et à en assurer l’application, et cette législation est celle qui s’applique à tout le monde sans exception, lit-on dans le communiqué susmentionné.

Dans le même contexte, Saied a précisé que ce phénomène qui s’aggrave jour après jour ne peut être abordé que d’une façon collective. Il a donc appelé à une solution commune lors d’un sommet regroupant tous les pays concernés, que ce soit au sud de la Méditerranée, au sud du Sahara ou au nord de la Méditerranée. Toutes les routes ne mènent plus seulement à Rome, mais aussi à Tunis, ce qui est une situation anormale, tant pour la Tunisie que pour les pays où ces migrants affluent, a ajouté Saied.

Le président de la République a annoncé l’existence de réseaux criminels de trafic d’êtres humains et des organes, que ce soit dans les pays africains ou dans les pays du nord de la Méditerranée, et a appelé à une action conjointe pour éliminer les organisations qui considèrent ces migrants comme étant  » une marchandise ballottée par les vagues en mer ou les sables du désert avant d’atteindre les régions où ils souhaitent s’installer. »

Saied : « La solution ne peut pas être exclusivement sécuritaire « 

D’après le communiqué susmentionné, Saied a souligné que la solution ne peut pas être exclusivement sécuritaire, car la sécurité est chargée de combattre tous les types de crimes, mais elle n’est pas l’outil pour éliminer la misère, la pauvreté et la privation. Il a réaffirmé la nécessité d’en traiter collectivement les causes pour cultiver l’espoir dans l’esprit des migrants afin qu’ils ne quittent pas leur pays, et ce par un travail économique et social intensif pour éradiquer le désespoir et semer à sa place l’espoir.

En ce qui concerne les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), le président de la République a réitéré son refus de tout diktat. Et d’ajouter que ceux qui proposent des solutions toutes faites sont semblables à un médecin qui prescrit un médicament avant de diagnostiquer la maladie, selon ses dires. Confier sa santé à un médecin qui prescrit des médicaments qui ne procurent ni soulagement ni guérison, ne fera qu’exacerber la situation, non seulement en affectant la paix civile en Tunisie, mais aussi en ayant des répercussions sur l’ensemble de la région, sans exception.

A noter qu’au cours de cet entretien, le président de la République a soulevé la question de l’annulation des dettes qui accablent l’économie tunisienne, proposant de les convertir en projets de développement spécifiques. Il a indiqué que de nombreuses dettes ont été accaparées, selon de nombreux témoignages, par des institutions internationales.

Ghada DHAOUADI