Olfa Daoud, l’artiste plasticienne tunisienne, poursuit sa quête de nouvelles stratégies pour la narration plastique au sein d’une combinaison inhabituelle d’arts visuels. À chaque fois, elle cherche à trouver une lecture basée sur sa spécialisation dans les techniques de gravure et d’impression. Cette expérience constitue une partie plus précise des expériences précédentes lors de présentations individuelles et en groupe, visant à annoncer un ensemble de recherches visuelles à la fois sur chevalet et mobiles. Elle joue avec les effets et leurs ombres au cœur d’une forêt d’encre et de plomb.
Les fenêtres hésitantes, effrayantes, prometteuses, sombres, lumineuses, les oiseaux et les arbres au milieu de la forêt : l’homme moderne est le thème de sa deuxième exposition personnelle qui se tiendra à la Maison de la Culture Ibn Rachiq à Tunis, du 24 mai au 9 juin 2023.
Cette exposition promet d’être captivante, avec Olfa Daoud qui déploie tout son talent en gravure et en techniques d’impression, tout en jouant avec les contrastes entre l’ombre et la lumière. Elle invite le public à plonger dans son univers artistique unique, offrant des récits visuels expérimentaux qui évoquent à la fois la peur et la promesse.
Selon Olfa Daoud « Cette exposition offre un regard autre sur un monde plastique exploré dans le thème du cadre apparenté à celui de la fenêtre. Mes fenêtres délivrent un « paysage plastique », où les contours du monde réel s’estompent, les couleurs se mêlent dans une monochromie révélatrice. Elles sont des éléments picturaux et des figures poétiques qui transpercent la réalité, ouvrant des cadres et des ouvertures. Ni complètement fermées, ni totalement ouvertes, elles nous révèlent sans cesse dans notre quotidien. Ma démarche artistique révèle la fenêtre comme un matériau pictural qui relie la vie intérieure à la vie extérieure dans un espace inventé. Les couleurs souvent monochromes créent une atmosphère troublante, à la fois familière et onirique. Elles incarnent la rêverie et brillent à travers les méandres de l’imaginaire. Je conçois un travail plastique envoûté par l’entrelacement conceptuel du cadre et de la fenêtre, émergeant de ce monde évanescent. Un travail révélateur de l’incertitude immanente à notre monde réel, paradoxalement relayée par nos certitudes outrées.
Mes compositions renferment l’esprit de l’encadrement, à l’instar d’une loupe focalisant une ouverture, enveloppant un contenu évoquant sans cesse l’esprit de fenêtres amorphes. Ce sont des ouvertures sur un monde enchanté. Mon travail plastique cristallise la réalité en poésie, révélant sa profonde signification. Mes œuvres deviennent des espaces méditatifs, rappelant le sens caché derrière les formes éphémères de la vie imparfaite.
Entre l’intérieur et l’extérieur, le visible et l’invisible, le délimité et l’infini. Mes compositions fenêtres réitèrent l’image amorphe d’un cadre sans cesse réinventé pour capturer subtilement la suggestion du mystère. Elles évoquent l’union de l’homme avec la nature, invitant au jeu du dévoilement. L’esprit de la fenêtre s’impose ainsi, transfigurant la réalité en rêve et le rêve en beauté. Le cadre et la fenêtre sont des objets de réflexivité contemplative, captivant le regard et la conscience. L’adjectif « amorphe » brouille la frontière entre l’intériorité et l’extériorité de mes espaces plastiques ».
Mes compositions sont des fenêtres qui maintiennent une connexion avec des éléments réels, reconnaissables mais insolites. Elles invitent à réfléchir sur les correspondances entre le formel et l’informel, entre le visible et l’état d’âme qu’il suscite. Les profondeurs obscures du bleu profond et du noir dans mes gravures résonnent avec les abîmes de l’âme. Les ténèbres derrière le cadre/fenêtre guident vers l’infini pour suggérer une certaine vérité.
Mon travail représente une vision de l’univers, sans être délimitée, extrait un fragment du tout et en transpose l’ordre des choses dans un autre. Mes cadres/fenêtres repoussent les frontières d’un espace cerné et ouvrent des horizons qui incitent à réfléchir sur les limites du visible. J’invite le spectateur à participer à une expérience esthétique singulière, à franchir le cadre restreignant et à faire preuve d’imagination devant ce parcours pluridimensionnel. J’aspire à vous extirper lors de cette exposition d’un réel imposant pour une expérience esthétique à reconsidérer le monde à travers mes fenêtres amorphes. Elles vous transportent dans un monde inhérent où le réel se mêle à l’imaginaire, vous procurant ainsi une expérience envoûtante qui vous invite à contempler la beauté dissimulée derrière les apparences fugaces de la vie imparfaite. Je vous invite à vous laisser emporter par cette expérience visuelle et poétique, et à explorer les correspondances entre l’intérieur et l’extérieur, entre le visible et l’invisible, à travers ces fenêtres qui ouvrent sur des horizons insoupçonnés.
Kamel BOUAOUINA
