Les enseignants du supérieur ont observé, aujourd’hui, une grève dans les divers établissements publics pour protester contre la détérioration de leurs conditions de travail et de leur situation matérielle.

Bien qu’un préavis de grève ait été déposé depuis le 13 avril au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et à la Présidence du gouvernement, les autorités de tutelle n’ont invité la partie syndicale à une séance de conciliation comme le préconisent les règles d’usage régissant les relations entre les syndicats et l’administration.

« Le fait de ne pas convoquer un syndicat qui a déposé un préavis de grève à une séance de conciliation constitue une première. S’agit-il d’une nouvelle politique de l’Etat ou d’un choix du ministère ? », s’interroge Nizar Ben Salah, secrétaire général de la fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS).

Selon lui, la grève a été bien suivie malgré des « tentatives d’intimidation et de pression exercées par le ministère de tutelle ».

La fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dénoncé notamment les « atermoiements » du ministère de tutelle en ce qui concerne les négociations sur les revendications des enseignants, qui se sont notamment matérialisés par le non-respect des délais fixés pour la tenue des séances de dialogue. Elle a indiqué dans ce cadre que le ministère n’a pas respecté son engagement à reprendre le dialogue dans le délai d’un mois suivant la réunion tenue le 7 février avec des représentants de la partie syndicale.

Le gouvernement n’a pas également respecté son engagement de communiquer à la fédération les réponses du ministère des Finances aux revendications ayant un impact financier dans un délai maximal de 7 jours à compter de leur réception.

Les revendications syndicales portent notamment sur la création d’une mutuelle des enseignants ainsi que sur une majoration salariale spécifique destinée à améliorer les conditions de vie des universitaires.

La fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) presse également le ministère de tutelle d’accorder aux professeurs agrégés d’enseignement supérieur l’augmentation salariale spécifique qui avait déjà fait l’objet d’un accord avec la partie syndicale en 2019 et d’augmenter le montant de l’indemnité de la rentrée universitaire à l’équivalent d’un salaire mensuel et sa généralisation à toutes les catégories d’enseignants.

Elle revendique aussi versement de la prime d’encouragement à la production scientifique au titre des années 2019, 2020 et 2021, la rémunération des heures supplémentaires identiquement aux heures de travail de travail ordinaire, la généralisation des bourses universitaires aux descendants des enseignants du supérieur à la retraite ou décédés et la publication du projet de l’amicale de l’enseignement supérieur dans le journal officiel de la République Tunisienne (JORT).

Autres revendications : le respect de la périodicité des concours de recrutement et de promotion, l’adoption d’un statut qui organise le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la participation de représentants de la fédération générale au conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, la révision à la hausse des budgets des établissements universitaires et le recours aux concours pour la nomination des directeurs des centres de recherche.

Pour rappel, un accord prévoyant des augmentations salariales spécifiques au profit des enseignants du supérieur, des médecins et des ingénieurs exerçants dans la fonction publique avait été signé en septembre 2019 entre le gouvernement et l’UGTT. Mais les professeurs agrégés d’enseignement supérieur ont été exclus de l’application de cet accord prévoyant des majorations salariales allant de 400 à 1000 dinars au profit des enseignants du supérieur (en fonction des grades).  Cet accord salarial visait essentiellement à revaloriser les émoluments de ces trois corps de métiers touchés de plein fouet par l’exode des compétences vers le secteur privé ainsi que l’émigration vers d’autres pays, où les rémunérations sont sans commune mesure avec celles pratiquées en Tunisie.

Walid KHEFIFI