« Il est du droit de l’Etat d’ouvrir les dossiers, tous les dossiers pourvu que ça soit fait dans les bonnes règles et surtout dans le respect de la loi », a fait savoir le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Hatem Meziou.
« Nous ne sommes pas hostiles à la redevabilité. Bien au contraire, c’est une de nos revendications. Toutefois, nous sommes pour une redevabilité dans le respect de la loi », a-t-il ajouté lors de sa visite, vendredi, au siège du Syndicat national des journalistes Tunisiens (SNJT).
S’exprimant devant des représentants d’organisations civiles et professionnelles venues exprimer leur solidarité aux journalistes, Meziou a souligné l’impératif de respecter les attributs d’un procès équitable et de bénéficier de la présomption d’innocence telle que garantie par la constitution et la conventions internationales.
A ce propos, il a rappelé que la constitution du 25 juillet prévoit des droits et des garanties à tout suspect, dont en premier lieu le droit de se faire assister par un avocat et le droit de visite ainsi que le droit de demander un examen médical.
Les conditions d’un procès équitable sont des acquis irréversibles et intangibles, a-t-il ajouté.
L’exercice de la redevabilité ne signifie nullement fouler aux pieds la présomption d’innocence, les conditions d’un procès équitable et le respect des garanties de défense.
Le bâtonnier a rappelé que toute arrestation ne peut être opérée dans le cadre d’une trilogie bien claire : un cas de crime grave, des preuves concrètes et solides et l’existence d’un péril menaçant le bon déroulement de l’enquête.
Il convient de noter que de nombreuses forces politiques et civiles et organisations étrangères ont exprimé leur inquiétude quant au non-respect des procédures liées à la garantie d’un procès équitable lors des récentes arrestations opérées en Tunisie.
Des appréhensions jugées « injustifiées » par le président de la République, Kaïs Saïed pour qui ces procédures étaient « régulières » et dictées par le motif de la nécessité, dès lors que personnes arrêtées représentent une menace pour la sûreté de l’Etat.
Meziou a saisi l’occasion pour réaffirmer le soutien de l’ordre des avocats à la liberté de la presse et d’expression.
Il a ajouté que les avocats tunisiens soutiennent toutes les voix libres, y compris les journalistes, les militants politiques, les défenseurs des droits de l’homme, les syndicalistes et toutes les personnes qui font l’objet de griefs de procédure, réaffirmant l’engagement du corps des avocats à être fidèle aux constantes historiques dans la défense des droits et libertés, dont notamment, le droit au recours devant la justice et le droit à l’action politique pour tous dans le cadre de la loi.
Jeudi, les journalistes ont observé une « journée de colère « pour dénoncer la situation du secteur, s’agissant de la multiplication des atteintes à la liberté d’expression et la gestion maladroite par le gouvernement du dossier des médias publics et confisqués.