Pendant la matinée d’un certain 27 janvier 2020, la triste nouvelle s’était répandue : Lina Ben Mhenni nous avait quittés… La « fille tunisienne » a quitté la vie après un long combat avec la maladie et d’innombrables luttes contre l’oppression, la discrimination, l’injustice, la dictature, la censure, l’impunité.

Ayant seulement 36 ans, Lina Ben Mhenni a pu laisser derrière elle un parcours exceptionnel plein de victoires malgré la lassitude, de triomphes malgré les campagnes diffamatoires et de défis malgré les difficultés et les obstacles.

Ses funérailles lui ressemblaient beaucoup. Tous les détails comprenaient un caractère inspiré de ses convictions, ses engagements, les chemins qu’elle avait parcourus, les slogans qu’elle avait crié à l’avenue Habib Bourguiba, les moments qu’elle avait filmés en 2010 et 2011 à Sidi Bouzid, les trahisons et les déceptions que toute une génération avait vécu. Le « Mouvement Manish Msamah », fondé contre la loi de la réconciliation, accompagné de « Be Tounsi », visant à promouvoir l’artisanat Tunisien, était présent pour lui dire à dieu. Les Cyber-militants, les activistes sociaux et politiques de diverses sensibilités, les militants et militantes droits humanistes, les militantes féministes et même ses anciens camarades disparus, en raison de l’épuisement et du désespoir, se sont retirés de leur isolement spécialement pour accomplir l’ultime adieu.

Intitulé « A Tunisian Girl », son blog était l’espace où elle transmettait tout ce qui s’est passé en Tunisie et une grande partie des restrictions enregistrées depuis 2008, et avant la révolution jusqu’à la chute du régime de Ben Ali. D’ailleurs, son blog A Tunisian a reçu le prix du meilleur blog 201, et ce, dans le cadre du concours international « The BOBs » organisé par la « Deutsche Welle ». Après la révolution, la couverture n’a pas cessé d’être assurée par Lina sur son fameux blog et sur ses comptes sur les réseaux sociaux. Elle était là pour les blessés de la révolution, pour  les familles des martyrs, pour les manifestants pour l’emploi et la justice sociale, pour les protestations organisées pour défendre les droits humains et les libertés, pour les luttes de femmes, pour les actions humanitaires et pour toute action lancée pour l’accompagnement des revendications de la révolution. 

Après sa disparition, l’Association Tunisienne pour les Nations Unies (ATNU) et le bureau du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme à Tunis ont lancé  le « Prix annuel Lina Ben Mhenni des droits de l’homme » qui est décerné chaque le 27 janvier de chaque année au meilleurs projets ou actions ciblant la catégorie des jeunes dans le cadre de ma promotion des droits humains universels.

Pour sa part, la Délégation de l’Union Européenne en Tunisie a lancé « le Concours Lina Ben Mhenni Pour la Liberté d’Expression destiné aux journalistes et blogueurs. Le 3 mars 2020, la Poste tunisienne a édité, à son tour, un timbre portant sa photo et son nom. 

Rym CHAABANI