Dans un communiqué publié ce mardi soir (13 décembre courant), l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a exprimé sa vive dénonciation de l’interdiction de la militante féministe et son ancienne présidente Yosra Frawes d’entrer en Algérie le 1er décembre 2022. 

« L’Association tunisienne des femmes démocrates, qui lutte depuis sa fondation pour appuyer la solidarité féministe maghrébine, arabe et internationale, condamne fermement cette violation flagrante du droit de circuler (liberté de circulation) de son ancienne présidente, son arrestation à l’aéroport d’Alger pendant des heures et son expulsion forcée le même jour vers la Tunisie. Les militantes de l’Association expriment leur solidarité inconditionnelle avec Yosra Frawes. L’ATFD considère également que cette violation représente une atteinte directe au droit de nos amies féministes algériennes à travailler librement et sans restriction.. Nous leur exprimons une fois de plus notre solidarité absolue et notre soutien à leur combat continu pour : l’égalité, la protection de la société civile algérienne des restrictions, et la construction d’une Algérie démocratique et digne pour tous.. », lit-on dans le même communiqué de l’ATFD intitulé : « Côte à côte avec la partisane du mouvement féministe d’Algérie Yosra Frawes, notre lutte et notre solidarité sont plus fortes que vos frontières et vos barrières ». 

L’Association tunisienne des femmes démocrates a critiqué, en outre, ce qui a été qualifié de « silence des autorités tunisiennes » face à cet incident.  « Tout en s’interrogeant sur le rôle et la responsabilité de l’Etat tunisien au niveau de la prise en charge et la préservation de la dignité de ses citoyens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, l’association exprime son mécontentement face au silence et au mépris des autorités en place quant à ce grave incident et face à son incapacité de condamner la violation qui a été imposée à une militante féministe dont le rôle dans la promotion, le développement et la protection des droits des femmes en Tunisie et à l’étranger est reconnu au niveau national et international.. », indique le même communiqué.  

Pour rappel, la militante féministe, ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates et actuelle responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Yosra Frawes avait annoncé samedi dernier (10 décembre 2022) à travers un récit publié au journal l’Orient-Le Jour qu’elle a été interdite d’entrer en Algérie, le 1er décembre 2022, à l’Aéroport Houari Boumédienne. 

« Mon passeport à la main, la policière me demande de la suivre. Je m’apprête à le faire quand son collègue se penche vers moi et me dit à voix basse : « Prévenez ceux qui vous ont invitée : vous êtes interdite d’entrée en Algérie… », a noté Yosra Frawes tout en soulignant que son voyage était dans le cadre d’une participation à une rencontre organisée autour des droits des femmes à Oran. 

Dans le même contexte, il convient de rappeler que certains activistes tunisiens (journalistes, activistes politiques, activistes de la société civile, anciens députés, membres de différentes associations et organisations..) avaient publié, samedi dernier, un communiqué condamnant ce qui s’est passé. « Nous exprimons notre solidarité absolue et inconditionnelle avec l’activiste Yosra Frawes et nous considérons que cette abusive interdiction d’entrée s’inscrit dans le cadre de la violation du droit des citoyens à la liberté de circulation », indique le communiqué signé par plus de 160 activistes qui ont appelé les autorités algériennes à « respecter les visiteurs du pays ». Dans le même contexte, la diplomatie algérienne a été appelée à mettre fin à ce qui a été qualifié, d’après les signataires, de « politiques de censure et d’interdiction exercées à l’encontre des activistes tunisiens ». l’Association Aswat Nissa a partagé, à son tour, cette déclaration sur sa page officielle Facebook en guise de solidarité avec Yosra Frawes. 

Pour sa part, le Journal Féministe Algérien ( JFA ) avait publié, depuis 3 jours, un communiqué considérant que ce qui s’est passé avec la militante tunisienne à l’Aéroport Hawari Boumediene « n’empêcherait pas la confrérie, l’amitié, la solidarité et les luttes communes entre les militantes féministes algériennes et le reste des féministes du monde ». 

Rym CHAABANI