Le président de la chambre nationale des distributeurs en gros des bonbonnes de gaz domestique, Mohamed Mnif a averti quant à une possible crise dans le secteur, notamment avec l’entrée de la saison froide. Il a assuré que le site de Radès a connu, la semaine dernière un manque de production, ce qui a poussé les distributeurs du nord du pays à se ravitailler auprès du site de Gabès, à cause des perturbations de distribution. Il a expliqué cette crise par un retard de déchargement d’un bateau de gaz GPL. Mnif a, par ailleurs, appelé le gouvernement à autoriser une majoration de la prime des distributeurs.

Que ce soit pour se chauffer, cuisiner, produire de l’eau chaude ou se déplacer, une grande partie de la population tunisienne, non raccordée au réseau de gaz naturel dépend aujourd’hui des gaz de pétrole liquéfiés (GPL) pour leurs besoins en énergie.

Changement de vocation

Le prix des bouteilles de gaz domestiques est fixé par l’Etat. La demande de ce produit augmente surtout pendant la saison hivernale. Qui pourra se permettre aujourd’hui d’utiliser l’électricité pour se chauffer ? Les prix ont tellement flambé partout, que même la classe moyenne ne pourra plus se permettre d’utiliser le gaz naturel quotidiennement pour chauffer leurs maisons. Quelques ménages n’ont encore pas fini de payer les factures d’électricité de la saison estivale et donc il n’est pas possible de travailler juste pour payer les factures de gaz naturel et d’électricité. Et puis, aujourd’hui, avec les augmentations répétitives des prix du carburant, les bouteilles du GPL (Gaz-Pétrole Liquéfié) ou gaz domestique ne sont plus utilisés pour leurs objectifs initiaux mais orientées désormais vers les activités industrielles, agricoles voire les restaurants (pour les utiliser dans des objectifs non domestiques) et que certaines catégories à l’instar des chauffeurs de taxis ont recours à l’achat des bouteilles de gaz domestique pour l’utiliser comme alternative aux carburants pour les voitures. Cette situation a provoqué ces dernières années une pression sur les bouteilles de gaz destinées à l’usage domestique, au point d’enregistrer une pénurie à cause de la spéculation exercée par des catégories et des secteurs non concernés légalement ou moralement.

Economie en énergie

Les bouteilles de gaz domestique sont destinées exclusivement à l’usage domestique pour la cuisson et le réchauffement de l’eau surtout en hiver et deviennent une matière indispensable pour les citoyens dans certaines régions, c’est-à-dire qu’en cas de leur rareté ou de pénurie sur le marché, cela crée une tension sociale. Mais dans le contexte actuel de grave crise économique, chacun fait ce qu’il peut pour survivre et alléger les lourdes charges quotidiennes. L’Etat essaye d’aider, malgré ses faibles moyens, les familles les plus vulnérables et trouver des solutions à ces problèmes. Comme par exemple, au mois de septembre dernier, près de 400 mille ménages ont été équipés par le chauffe-eau solaire, soit plus d’un million mètres 2 de panneaux photovoltaïques installés dans les zones résidentielles dans le cadre du programme de promotion du chauffe-eau solaire dans le secteur résidentiel (PROSOL), a indiqué la directrice du programme Souad Abrougui. Au cours de la période 2005-2021, le programme PROSOL, mené par à l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), a permis de réaliser une économie en énergie d’environ 650 mille tonnes d’équivalent pétrole. Mais qu’en est-il pour le reste de la population, dont une grande partie endure un calvaire au quotidien pour vivre ?

La situation actuelle laisse à désirer, et d’après certains experts, le pays craint le pire dans les prochains mois. Pas étonnant de voir le nombre croissant de personnes qui s’aventurent à prendre les bateaux de fortune pour quitter le pays, ou de voir aussi nos jeunes élites et diplômés, qui font tout pour décrocher un contrat de travail à l’étranger… Dommage qu’on en soit arrivé à cette situation ! Mais qui doit-on réellement blâmer ?

Leila SELMI