Un rassemblement de solidarité avec les femmes iraniennes a eu lieu vendredi 30 septembre 2022 devant le siège du centre culturel iranien, situé à Tunis. En guise de protestation, les manifestants.tes ont scandé des slogans contre le régime iranien et Khomeiny. Les manifestants.tes ont dénoncé, en outre, le meurtre de Mahsa Amini (Jina) par la police des mœurs iranienne et les différentes crimes commises contre toutes les femmes iraniennes au nom de la religion et des bonnes mœurs. 

Interviewée par le Temps News, la présidente de l’Atfd Neila Zoghlami a déclaré qu’il s’agit de tout un combat humain et féministe contre des idéaux machistes et patriarcaux. « Nous, en tant que féministes de Tunisie et du monde, sommes prêtes à défendre les libertés individuelles, et à soutenir cette cause pour laquelle la jeune Iranienne est morte et pour laquelle 60 autres victimes ont déjà quitté la vie. Nous luttons contre la tutelle masculine imposée sur les corps des femmes et limitant leurs droits, contre les notions rétrogrades, contre les références patriarcales », a-t-elle notamment souligné. Et de marteler : « Solidarité inconditionnelle avec les femmes iraniennes. » 

En « cheffe de file », l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a veillé au bon déroulement et à la réussite de ce rassemblement, tant au niveau de la programmation, du réseautage qu’au niveau de la communication et de l’organisation de l’événement. L’association a été représentée sur place par plusieurs membres ainsi que par certaines membres de son bureau exécutif. D’autres activistes dans la société civile et représentants.tes de diverses associations (Damj, Intersection pour les droits et libertés, Asswat Nisaa…) ont également participé à ce rassemblement. Notant, à cet égard, que différentes actions similaires ont déjà été organisées un peu partout dans le monde (Rome, Tokyo,.. ), tandis que d’autres suivront dimanche et lundi prochains (2 et 3 octobre 2022) à Paris et Nantes. 

 

Pour sa part, Asma Fatma Moatamri, activiste féministe et membre de l’Atfd, a affirmé au Temps News que ce rassemblement vise à mettre l’accent sur le courage des femmes iraniennes qui se battent pour leurs droits et leur liberté, et qui ont osé dire non et protester malgré l’oppression et la brutalité. « Nous nous sommes rassemblées aujourd’hui, plusieurs associations féministes et militantes féministes pour rompre l’isolement que vivent nos camarades iraniennes alors qu’elles mènent tout un combat pour obtenir leurs droits et mettre fin à ce qu’elles vivent depuis des années », a-t-elle notamment souligné. 

Pour rappel, la jeune femme Kurde Mahsa Amini a quitté la vie vendredi dernier à l’âge de 22 ans après 3 jours de coma, et ce, après avoir été arrêtée le 13 septembre 2022 à Téhéran (précisément au niveau de la sortie du métro) par la police religieuse  pour « le port incorrect du hijab » dans un lieu public. En effet, les agressions exercées par la police des mœurs iranienne après son arrestation et pendant les heures qu’elle a passé en garde à vue, ont causé à Mahsa une commotion cérébrale qui l’a plongée dans le coma. Ce crime a attisé la colère partout en Iran et au Kurdistan oriental : Seqiz (la ville natale de la victime), Sine, la ville de Hamadan, la capitale Téhéran… 

Afin d’exprimer leur colère, un nombre de femmes iraniennes ont choisi de brûler leurs voiles en pleine rue pendant les manifestations pour exprimer leur refus de la violence qu’elles subissent en tant que femmes et face à ce qui s’est passé avec Mahsa. En revanche, certains groupes d’étudiants ont exprimé, à leur tour, leur mécontentement en criant des slogans contre le régime Iranien, et il s’agit essentiellement de la faculté de la médecine de Tawarez et la faculté de médecine de Tabriz. 

Selon les derniers rapports de « Frontline Defenders »  et le « Kurdistan Human rights Network » , les arrestations pendant les premiers jours a inclut les activistes et défenseurs des droits humains suivants : 

  • Baran Sae’di 
  • Mahrou Hedayati ( le 19 septembre à Sanandaj) 
  • Bahareh Zangiband ( le 19 septembre à Sanandaj ) 
  • Azadeh Jama’ati ( le 20 septembre à Sanandaj ) 
  • Farank Rafie ( le 18 septembre à Sanandaj ) 
  • Lotfollah Ahmadi (le 18 septembre à Sanandaj) 
  • Ribvar Kamranipour et Amjad Sae’di (le 19 septembre à Marivan, province du Kurdistan)

Selon l’ONU, des milliers de personnes ont participé aux manifestations tenues dans environ 11 provinces et beaucoup d’entre eux ont été arrêtés (y compris des avocats, des activistes de la société civile et 18 journalistes). Par ailleurs, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est déclaré récemment «  inquiet» face à « la poursuite de la répression violente des forces de sécurité contre les manifestations ». 

Rym CHAABANI