Le Président de la République Kaïs Saïd vient de tirer la sonnette d’alarme en sommant qui de droit de mettre un bémol péremptoire à la spoliation massive en devises réservées à l’importation de produits jugés de énième nécessité voire nullement indispensables tels les ingrédients de beauté et les aliments pour les animaux domestiques. Dépenses superflues et participant de façon très significative à accentuer le déséquilibre budgétaire en cette période de vaches maigres où le marasme économique à l’échelle mondiale et de facto en Tunisie règne en maitre.
Ezzedine Saïdane enfonce le clou.
L’économiste Ezzedine Saïdane sur les antennes de  » Jawhara Fm » a brodé dans le même sens en avançant des chiffres faramineux relatifs à notre situation financière déficitaire. L’affaire remonte au début de l’année 2012 avec la prise du pouvoir de la mouvance islamiste  que l’on connait, notoirement inféodée à la Turquie. Selon lui, et au terme du mois d’Aout 2022, notre ardoise se chiffre à 16,9 milliards de dinars en seulement 8 mois soit à raison de 2 milliards de dinars par mois ! A cette cadence, le déficit se chiffrerait à la  fin  de l’année à quelque  25 millions  de dinars. Tout un très large éventail d’articles nullement jugés de première nécessité  est importé  au détriment de ceux vraiment  vitaux pour  les besoins  des Tunisiens.
« Glibettes blanches  » et sanitaires au lieu des médicaments
Le citoyen éprouve à longueur de journée les pires difficultés pour dénicher tel ou tel médicament pour juguler les maux souvent insupportables, transformant son quotidien et celui de ses proches en enfer, en un calvaire inhumain. Les Médecins prescripteurs également sont dans l’embarras:  ballet classique de patients revenant bredouilles avec des ordonnances non satisfaites  par les pharmaciens pour pénurie de médicaments. Même le recours des praticiens à la mention  » ou équivalent » devant chaque remède ne sert plus à rien, du moment que même les produits dits  » génériques » brillent par leur absence. Passe encore  pour les maladies classiques pouvant être jugulées à la limite par les potions et autres trouvailles magiques de nos grand-mères, mais quand l’affaire concerne des pathologies lourdes, chroniques, le verdict est autrement plus sombre avec mise en péril du pronostic vital des malades, entendre de leur vie tout court.
Choix étranges
Au lieu de   concentrer tous nos efforts sur la facilitation et l’assistance de la Pharmacie Centrale lui permettant de gommer son déficit auprès des grosses firmes pharmaceutiques ayant fermé les vannes en attendant d’être payées, une sommaire virée dans nos grandes surfaces, magasins, souks hebdomadaires voire « ammas » est des plus édifiante. C’est en quelque sorte du en « veux tu en voilà ! » Les étals sont richement achalandés de toutes sortes de produits allant de l’agroalimentaires, cosmétiques, sanitaires, électroménagers, textiles de provenance majoritaire de la Turquie. Les prix affichés défiant toute concurrence avec les articles fabriqués localement. Fatalement, ces derniers sont  délaissés au profit de ceux d’outre-mer revenant nettement plus accessibles pour la bourse des acheteurs. Par ricochet, que d’usines et de manufactures  ont mis  la clé sous la porte et déclaré faillite car elles  ne peuvent plus tenir la concurrence déloyale, avec des milliers de familles vouées à la faim.
Un circuit bien huilé
Passe pour les contrebandiers avec des barons se targuant de solides parapluies protecteurs leur permettant de sévir à travers des frontières en toute impunité en dépit des efforts gigantesques de nos forces sécuritaires et douanières constamment sur le qui-vive et perpétuellement aux aguets. Mais cette masse faramineuse de produits sanitaires et autres  » légalement » importée suite à des accords dument paraphés par les responsables « post-révolution » avec ce pays auquel ils ont ouvert largement nos frontières,  et nos marchés,  interpelle et fait grandement désordre. Chemin faisant, ils se sont largement sucrés en contrepartie faisant passer leurs intérêts personnels, le lucre miroité par les transactions suspectes bien avant le couffin du pauvre citoyen.
Urgence de tout reconsidérer
Ces accords suicidaires pour notre économie ne sont pas intouchables, et  nos responsables  devraient plancher sérieusement sur la question histoire de   trouver la panacée,  dénoncer et libérer de la sorte la Tunisie, le consommateur, le manufacturier, le chef d’entreprise du joug  de ce boulet de canon entravant le quotidien  des Tunisiens , et paralysant notre économie. Vivement le jour où « Consommer Tunisien » deviendrait une réalité tangible et palpable. Approche favorisant de facto l’importation de produits jugés vraiment de première nécessité, les médicaments et le matériel médical venant largement en tête de nos acquisitions de l’étranger !
Sans doute cette problématique ne sera-t-elle pas résolue par un claquement des doigts. Tout se rapporte aux mécanismes des échanges commerciaux avec la Turquie, la Chine et tous les pays qui alimentent le marché parallèle en Tunisie. La balance commerciale est interpellée à ce sujet. Certes, pour l’heure on pointe du doigt les cosmétiques et les produits d’alimentation des bêtes domestiques. Qu’en est-il du prêt-à-porter, des outils scolaires et de tout le reste? Tout un dossier!
Mohamed Sahbi RAMMAH