L’affaire de de l’envoi des jeunes tunisiens aux zones de conflit fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs années et réussit à susciter plusieurs réactions sur les réseaux sociaux et plus précisément par les Tunisiens qui s’interrogent sur les détails de cette affaire. Environ 6000 ressortissants tunisiens résidant en Syrie vivent dans des conditions difficiles, avait-indiqué le président de l’Institut tunisien des relations internationales, Ahmed Manai, dans une déclaration qui date de 2015. Du nouveau ce 19 septembre 2022 lorsque le président du parti « Ennahdha » Rached Ghannouchi et son vice-président Ali Laarayedh ont été accusés d’être impliqués dans cette affaire et ont comparu, lundi, à la caserne de Bouchoucha au Bardo. 

Le ministère public a décidé de placer Ali Larayedh, vice-président d’Ennahdha, en garde après son audition par l’Unité des recherches dans les crimes terroristes. Il comparaît en sa qualité d’ancien chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur. L’avocat Mokhtar Jamaai a ajouté que l’audition de Rached Ghannouchi, également convoqué devant la même unité, a été reportée au mardi 20 septembre, à partir de midi, à la demande de la défense. Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, était arrivé lundi à midi à la caserne de Bouchoucha et l’a quittée dans les premières heures de la journée de mardi, a-t-il indiqué.

Selon la même source, Rached Ghannouchi et Ali Larayedh seraient transférés, mercredi, ainsi que tous les suspects dans l’affaire de l’envoi des jeunes dans les zones de conflit au pôle judiciaire de lutte antiterroriste. Le dossier de plainte avait été déposé, en décembre 2021, par l’ancienne députée Fatma Mseddi auprès de la justice militaire.

Samir Dilou, a annoncé ce mardi que le dirigeant de mouvement Ennahdha, Habib Ellouze était en train d’être interrogé par la brigade de lutte contre les crimes terroristes, en cette fin de matinée, ce qui pourrait reporter l’audition du président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, alors que ni ce dernier ni ses avocats n’ont demandé de report. Dilou a appelé à ne pas instrumentaliser politiquement le dossier de l’envoi des Tunisiens vers les zones de conflit.

Habib Ellouze a été arrêté le mercredi 14 septembre 2022, par les forces de l’ordre. Le dirigeant islamiste a été interpellé à son domicile à Sfax par l’unité antiterroriste d’El Gorjani. Dans une déclaration accordée aux médias, Dilou a expliqué que les justificatifs qui accusent Laârayedh, concernent des documents fournis par le syndicat de la garde républicaine. « L’audition de Ali Laârayedh a été axée sur son rendement en tant que ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de la Troïka présidé par Hamadi Jebali en 2012 », a-t-il expliqué.

Quant au dossier du président Ennadha, l’avocat a déclaré que « le collectif de défense est dans l’attente de connaître le contenu du dossier d’accusation ». De son côté, Imed Khémiri, porte-parole du mouvement, qui se trouvait à proximité du siège de l’unité nationale de recherche dans les crimes terroristes, a déclaré à la TAP que le dossier d’envoi aux foyers de tension est  » monté de toutes pièces par une partie ennemie d’Ennahdha « .

Moncef Marzouki concerné ?

Dans un statut rendu public le 20 septembre 2022, Marzouki a exprimé son soutien avec Rached  Ghannouchi, Ali Laarayedh, Habib Ellouze, Mohamed Affes et Makhlouf. Parmi les noms des politiciens qui ont été évoqués en parlant de l’affaire figure le nom de l’ex-président Moncef Marzouki. En mars 2017, Moncef Marzouki a été accusé d’être impliqué dans l’envoi des jeunes tunisiens aux zones de conflit

 

 

Ennahdha réagit

Ennahdha a indiqué que le parquet a rejeté la demande de la défense de prendre en considération l’état de santé et l’âge du président du mouvement Rached Ghannouchi et de lui permettre de rester chez lui jusqu’à son audition. Dans un communiqué publié tard dans la nuit de lundi, le mouvement explique que le président du parti et son vice-président Ali Larayadh ont comparu devant une brigade sécuritaire « par respect pour la justice et ayant foi en le principe de la présomption d’innocence ». Ennahdha dénonce « des pratiques honteuses » qui reflètent l’esprit de vengeance du « pouvoir en place ». Le mouvement a fait observer, dans ce sens, que Rached Ghannouchi a passé 12 heures d’attente sans être entendu.

Le parti a dénoncé les conditions d’interrogatoire qu’il assimile à une forme de torture et d’abus de pouvoir, considérant que l’affaire est montée de toutes pièces et que les accusations sont malintentionnées. Ennahdha regrette, dans son communiqué, une violation « criante » des droits de l’homme et de la dignité humaine, tenant le « pouvoir en place » responsable des répercussions de l’affaire sur la santé du président du parti. Selon Mohamed Goumani l’objet de la convocation, qui n’a comporté aucun motif précis, est probablement lié au dossier d’envoi des jeunes dans les zones de conflit.

Dans une déclaration à la TAP, la semaine dernière, Fatma Mseddi avait expliqué que sa plainte porte entre autres sur l’enrôlement des jeunes et leur envoi vers la Syrie. Selon Goumani, le motif de la convocation de Rached Ghannouchi et Ali Larayedh est « probablement lié au dossier d’envoi des jeunes dans les zones de conflit ». « Aucun motif précis n’était mentionné dans le texte de la convocation » de Rached Ghannouchi, avait déclaré, lundi, Riadh Chaaibi, dirigeant d’Ennahdha.

Ghada DHAOUADI