Dans un élan nostalgique, certains artistes d’aujourd’hui mettent un point d’honneur à faire découvrir aux nouvelles générations les classiques de notre musique. C’est le cas de l’artiste Eya Daghnouj qui a offert, samedi à Dar Sebastian, une soirée musicale de haute facture, rehaussée par sa voix sublime qui a emmené les mélomanes dans un voyage soufi à travers le patrimoine musical du Nord Ouest.

L’artiste a interprété de célèbres poèmes du patrimoine du Kef, comme « Sidi Amor », « Sidi Boumakhlouf » ou « Sidi Ali Ben Salah », très appréciés par un public connaisseur, qui a fortement applaudi ces performances musicales et qui a trouvé dans la voix d’Eya Daghnouj l’expression de la diversité et de la richesse du patrimoine musical tunisien.

Cette jeune chanteuse, en quête permanente d’une nouvelle conception du chant soufi, dans le respect toutefois des spécificités de ce patrimoine, a revisité la musique traditionnelle avec un subtil mélange de musique soufi et tarab, de quoi envoûter le public. Elle a réussi avec brio à magnifier ces chansons, dans un arrangement très simple et très pur, accompagnée par Hamza Obbaa au violon, Mohamed Ben Salha au nay, Sofiane Saadaoui à la guitare basse, Aziz Belhani à la percussion et Marouène Zaidi au clavier

Elle a charmé le public avec ses textes touchants et sa voix douce et feutrée. Pratiquement à chaque chanson, elle fait participer le public. Elle y mettait toute son énergie et toute sa sensibilité. Aussi, était-ce avec une aisance et un entrain remarquable qu’elle a gratifié l’assistance de ses chansons. Tout le monde a découvert ce soir une chanteuse apaisée et épanouie. Les tubes « Rakeb Al Hamra » et « Ala Raies Labhar » qui suivent, suscitaient un grand engouement que la chanteuse et l’orchestre vont décupler en se lançant dans une musique plus enjouée et plus rythmée.

Entourée d’une marée humaine reconnaissante, Eya Daghnouj fascine et, avec autant de don et de talent, elle poursuit son voyage musical en survolant des paysages mélodieux riches en sonorités. Un véritable moment de bonheur et de raffinement comme on aime en vivre aux soirées de ramadan.

Passionnée par son art et aimant son public, la cantatrice ponctuait ses chansons par des échanges agréables avec les spectateurs dans des atmosphères conviviales, transportant le public dans un voyage à travers le temps pour se remémorer avec un brin de nostalgie différents genres musicaux, dont la chanson populaire, le chaâbi, le soufi, mais également le Tarab à travers l’interprétation de certains titres soufis à succès.

Dans l’allégresse et la volupté, l’assistance a savouré tous les instants de ce spectacle authentique. Eya Daghnouj a réussi un spectacle plein, rendu généreusement dans un esprit jovial qui allie le savoir faire au plaisir des sens dont elle seule détient le secret.

                                  Kamel BOUAOUINA