Par Raouf kHALSI
On verra aujourd’hui ce qu’il en sera du premier tour des Présidentielles en France. Les Tunisiens, essentiellement ceux qui croient encore en une France amie, seront rivés au petit écran pour suivre les péripéties d’un vote nullement escompté.
En revanche, ceux qui n’ont jamais compris où se perpétuent nos liens avec la France, ne sont vraiment pas tentés de s’en emballer, ni de s’impliquer dans « ce qui ne les regarde pas ». Et, n’oublions bien sûr pas, ceux qui vouent une haine viscérale à l’endroit de « l’ancien/nouveau colon » (Makhlouf et acolytes par exemple) et qui font tout pour que la langue française disparaisse de nos manuels scolaires.
Force est de reconnaître que la France, premier partenaire de la Tunisie dans l’absolu, aura tout fait depuis la révolution, pour nous dépiter.
Les balbutiements de Sarkozy après la chute de son « ami » Ben Ali (avec Kadhafi, il a été d’une lâcheté et d’un cynisme ahurissants). Plus encore, le total désengagement de Hollande, très indifférent en pleine déconfiture de la gauche française, à la descente aux enfers d’un système et d’une économie (les nôtres) tiraillés de partout. Et, enfin, cette tutelle que revendique Macron sur nos affaires internes, multipliant les injonctions au nom du rétablissement des institutions et du parlement des islamistes.
En fait, chez eux, les Français fustigent l’islam, l’islamisme, et tous les émigrés arabo-musulmans. Mais ils trouvent que l’islam politique est l’avenir de la démocratie dans les pays qui l’ont enfanté !
Sinon, la France est toujours dans sa succulente schizophrénie. Celle-là même qui fait que son égocentrisme ne prenne pas une ride et qui fait aussi qu’elle reste le terreau des Lumières.
Oui, schizophrénie. Quand la France « s’inquiète » de ce que la Tunisie ait dissous le parlement, c’est son côté Napoléon. Quand elle crie aux périls qui guettent ses valeurs, quand elle déplore les attentats terroristes sur son sol, c’est son côté Jeanne d’Arc. Entre grandeur et victimisation, la France s’arrange toujours pour être le nombril du monde.
Maintenant, ce qui nous importe le plus, c’est d’abord de savoir si le futur/ ancien président réalisera que la Tunisie a besoin de soutien économique et non de leçons de démocratie. Il nous importe aussi d’être édifiés quant à la prochaine politique migratoire de la France. Est-on vraiment sûr que Macron et Le Pen aient des approches opposées sur le sujet ?
En fait, la France n’a jamais été aussi loin de nous. Ni aussi loin d’elle-même.