« Back to life ». Traduction : une sortie de tunnel à la lumière du Jazz dans la splendide ville du Kef, après un peu plus de deux ans de morosité générale et généralisée, pour cause de covid. Le message est clair : le jazz, c’est l’espoir ; la musique, c’est la vie ! alors autant la croquer, cette vie, à pleines dents, du moins, le temps d’une semaine, dans les joies du plein air, au beau milieu du printemps. Le Sicca Jazz claironne et clame à tous vents, Siccaveneria soigne la mesure, la Tunisie bondit et suit musique en tête. Du 15 au 20 mars au Kef.

En temps normal, et dans la semaine qui précède le festival, la 7ème édition de Sicca Jazz n’aurait plutôt rien de vraiment exceptionnel, c’est-à-dire d’anormal par rapport aux précédentes, sauf la programmation, intra et extra muros, qui envahit d’habitude les colonnes des journaux, se susurre de bouche à oreille et se partage en masse sur les réseaux sociaux, se faisant passer comme chaque année au peigne fin par les mélomanes de tous bords, les curieux tenus en haleine et les habitués rompus du festival.

Voler de ses propres ailes

En ces temps moroses, le Sicca Jazz se veut cette année plutôt « spécial », voire même « résistant », à en croire ses organisateurs, et à leur tête Ramzi Jebabli, directeur et fondateur du festival, qui avaient beau crié aux « obstacles », samedi dernier, lors d’une conférence de presse, quand bien même aurait-il été plus judicieux de crier plutôt victoire. Victoire ? il faut dire que les bâtons dans les roues n’ont pas manqué : « lourdeurs administratives », « budget insuffisant », « ingérences politiques », « chantage des dirigeants », « diktats des lobbys ». La routine, en somme, pour tout festival indépendant en Tunisie.

Plus grave encore : des factures ballantes, des artistes impayées et des dettes qui se cumulent. Résolution phare : rompre, après mûre réflexion, « de manière unilatérale et délibérée », le partenariat avec le ministère du Tourisme, qui, « soumis au diktat de certains lobbys », s’indignent les organisateurs, a trop mis les bâtons dans les roues, d’après eux, et, pire, a manqué carrément à ses promesses et engagements. Il y aurait, d’ailleurs, une once de régionalisme, à ce qu’il parait, dans l’air. Il ne faut pas se fier aux paroles : promouvoir le tourisme intérieur et, en particulier, dans la région du Nord-Ouest n’est pas à l’ordre du jour au ministère, à en croire les organisateurs.

Soit. Mais aussi courageux et aussi polémique que puisse paraître ce « clash » contre des autorités en présence des journalistes, et qui aura marqué soit dit en passant la conférence de presse, autant dire qu’un festival international de musique, fier de ses sept éditions d’existence, se doit aussi de faire son autocritique, mettre le doigt là où le bât blesse et bâtir surtout son propre modèle de gestion, afin de pouvoir voler un jour de ses propres ailes.

En deux temps, trois mouvements !

Ceci étant dit, passons plutôt à l’essentiel : la programmation de cette nouvelle édition de 2022 se fait en deux temps, trois mouvements, et propose désormais deux rendez-vous dans l’année : le Sicca Jazz sous le Chapiteau de la Kasbah, du 15 au 20 mars, et le Sicca Jazz Live Factory, du 3 au 11 Septembre. La première phase, au cœur de la ville du Kef constitue la pierre angulaire du festival et proposera une scène 100% jazz. Deuxième phase : le Live Factory qui concocte des scènes inédites et des expériences artistiques originales, entre fusions, talents du moment, jams, jazz expérimental, performance électro, world music et l’on en passe.

Au programme de la première phase, des concerts, des master-class, des résidences artistiques, des visites guidées et des déjeuners musicaux. Des nouveautés, quand même, dans cette septième édition : d’abord, les « showcases », c’est-à-dire des avant-concerts promotionnels qui seront présentés, à l’improviste et tout au long du festival, par les artistes invités, en pleines rues du Kef ; ensuite, les soirées-off, autrement appelés « soirées-after » et qui animeront les soirées du festival jusqu’à l’aube. En somme, de la musique, rien que de la musique, partout et en tout temps, à un rythme hallucinant durant six jours. Croquer la vie à pleines dents, vous dites ?

Slim BEN YOUSSEF

Programme de Sicca Jazz

Mardi 15 mars

Moncef Genoud Project invite Christine Vouilloz (En partenariat avec l’ambassade Suisse en Tunisie)

Mercredi 16 mars

Guillaume Perret, Jazz Electro (France)

Jeudi 17 mars

Karim Zied / Mehdi Nasouli, Meeting (Algérie-France)

Bab L’Bluz – Jazz-Gnawa (France-Maroc)

Vendredi 18 mars

Boney Fields, Jazz-Funk-Blues (USA)

Samedi 19 mars

Wonder Collective ‘Woco ‘ (France)

Dimanche 20 mars

24 Parfums de Mohamed-Ali Kammoun, Spécial Fruiga (Tunisie)

Tous les spectacles commencent à 20h00, hormis celui de la clôture, prévu à 19h00

Siccajazz scène libre (15 au 19 mars) au Centre Hedi Zoghlami à Ras El Ain:

– Issaouiyet el Kef (musique soufie)

– Concert Cirta-Nova de Souhail Cherni (fusion-musique du monde)

– Concert Loulia Band (musique du monde)

– Concert Cigar’s Band (latino- jazz)

– Concert Midnight PIN (Rock-jazz)

La scène libre est ouverte tous les jours du festival à partir de 13h jusqu’à 18h00 (show cases jeunes talents de Kef-concerts-dj set).