Les prix du blé ont continué leur flambée pour dépasser le seuil de 11 dollars, le boisseau, le niveau le plus élevé depuis 14 ans, et ce, à cause du quasi-arrêt des expéditions de deux plus grands producteurs de blé au monde, la Russie et l’Ukraine, en guerre depuis le 24 février 2022.

Le conflit russo-ukrainien ainsi que les sanctions américaines et européennes de grande envergure contre la Russie, ont entravé les approvisionnements en provenance de la mer Noire, à un moment où les stocks mondiaux sont déjà serrés, indique Bloomberg.com.

L’Ukraine et la Russie assurent ensemble, plus d’un quart des exportations mondiales de blé. Le conflit entre les deux pays voisins a entraîné la fermeture des ports, la suspension des opérations de transport et l’interruption des logistiques. Il menace également, la culture du blé en Ukraine, cette année, car les agriculteurs pourraient être impliqués dans les combats et le pays devra faire face à des pénuries de semences et d’engrais.

Risque d’un effet domino

Le Conflit russo-ukrainien pourrait entraîner une pénurie des produits de première nécessité notamment les céréales. Si les exportations russes et ukrainiennes sont bloquées ou baissent sensiblement, c’est le monde entier qui va en ressentir l’impact. En effet, l’ajustement de l’offre et la demande dans les produits issus de la filière nécessite l’importation de plus de 80% des besoins en blé tendre, soit 4 baguettes sur 5 sont importées ! Les importations de blé représentent à elles seules plus de 51% des importations alimentaires du pays, selon une analyse de la filière céréalière en Tunisie, effectuée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO).

Bien que la Tunisie soit un producteur de céréales, sa production demeure fluctuante et souffre d’un déficit chronique de l’ordre de 50% en moyenne par rapport aux besoins d’une population en croissance continue.

De ce fait, la majorité des besoins annuels sont assurés par les importations, ce qui a conféré à la Tunisie, un taux de dépendance vis-à-vis des céréales importées de 33% pour le blé dur, plus de 85,3% pour le blé tendre et 71,3% pour l’orge, soit un taux moyen de 63,33% pour le total des céréales, selon cette analyse du FAO qui met le point sur les principaux points de dysfonctionnement à l’origine des pertes et gaspillages alimentaires. Ainsi, le secteur céréalier demeure en Tunisie, un secteur fragile très dépendant du marché mondial.

Pénurie des approvisionnements

Une pénurie des approvisionnements est attendue et devrait se poursuivre au cours du prochain trimestre, selon Bloomberg.com, voire plus longtemps. Seule une récolte exceptionnelle en Amérique du Nord et ailleurs en Europe, pourrait endiguer de nouvelles hausses de prix.

Jeudi, les prix du blé ont de nouveau augmenté jusqu’au maximum quotidien autorisé, pour bondir de 7,1 % et atteindre 11,34 $ le boisseau. Les prix ont augmenté de 50% le mois dernier.

Cette nouvelle donne va entrainer une hausse de l’indice agricole « Bloomberg » à un taux record, et contribue également, à l’inflation mondiale des prix alimentaires, et cela s’accompagnera de la hausse des prix du pétrole et d’autres matières premières, obligeant les banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires après des années de taux d’intérêt très bas.

Les acheteurs de blé, y compris la Tunisie, vont devoir rechercher des alternatives en raison des répercussions de la guerre sur cette zone considérée comme étant « le grenier mondial ».

(avec TAP)