Entre volonté de préserver l’environnement, demande d’une alimentation plus saine et protection du bien-être animal, rarement un secteur n’aura été face à un si grand défi que l’agriculture. Le thème s’est donc imposé comme central dans les programmes des candidats. A l’approche de l’élection présidentielle, voici un tour d’horizon des postures des candidats sur cette thématique. Tour d’horizon.

EMMANUEL MACRON

L’actuel président français n’a pas encore dévoilé de programme mais a déjà indiqué vouloir développer trois axes pour l’agriculture de demain : la robotique, la génétique et le numérique. «Cela va de la donnée à des productions plus résilientes et plus solides dans les bio-solutions, mais aussi à la robotique agricole pour sortir de certaines pratiques agricoles et certains pesticides», a-t-il indiqué en octobre dernier. Il souhaite aussi «une gestion plus fine des productions en fonction des aléas» et le «traçage des aliments».

Comme tous les candidats, il s’est dit pour l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs et les financements d’investissements.

YANNICK JADOT

Le candidat écolo assure que l’élevage industriel disparaîtra de France en 2025, avec la fin des animaux élevés en cages. Les bêtes vivantes ne pourront pas subir plus de 8 heures de temps de transport. La consommation de protéines végétales et de viande locale et bio sera développée. Concernant la pêche, la quantité de poissons à prélever sera définie par des scientifiques et une sélection des espèces sera effectuée. Les techniques jugées destructives seront interdites.

L’usage d’engrais et de pesticides de synthèse sera divisé par deux d’ici à 2027, avec une suppression de ces derniers en Europe pour 2030. Les néonicotinoïdes, le glyphosate et les produits les plus dangereux seront immédiatement interdits. Les produits importés devront suivre les mêmes exigences. Le 100% bio et local dans les cantines sera généralisé d’ici à 2027.

Les paysans bénéficieront d’un revenu digne et une reprise des dettes sera proposée. Des incitations seront mises en place pour faciliter les transmissions d’exploitations et les convertir à «l’agroécologie» (préservation des ressources naturelles en permettant qu’elles se renouvellent, équilibre entre culture et élevage, diversité des systèmes de production). La PAC sera réformée pour favoriser l’agriculture biologique.

ERIC ZEMMOUR

Eric Zemmour affirme dans son programme vouloir privilégier les circuits courts, avec la favorisation des produits locaux dans la restauration collective. Pour que les agriculteurs puissent vivre de leur métier, il entend aussi interdire aux enseignes de se regrouper au sein de centrales d’achat communes.

L’installation de nouveaux agriculteurs, notamment dans le bio, va être encouragée, de même que le renouvellement des générations en simplifiant l’accès aux terres. L’innovation en robotique agricole doit être financée pour «réduire la dépendance à la main d’œuvre étrangère et à l’utilisation des produits phytosanitaire».

Enfin, les importations de produits agricoles non conformes aux standards de qualité français seront interdites et le pays cessera de participer aux négociations de traités de libre-échange.

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Anne Hidalgo souhaite faire adopter par le Parlement une loi permettant de protéger le foncier agricole du pays, afin de favoriser sa transmission vers les nouvelles générations de paysans. Des contrats tripartites (producteurs, transformateur et distributeur) doivent contribuer à des revenus meilleurs et plus stables.

La socialiste veut promouvoir l’agroécologie, afin de sortir de l’usage des engrais de synthèse et des pesticides. Des formations concernant le bio seront offertes aux agriculteurs pour atteindre 30% de la surface agricole en 2030 (les deux tiers restants seront en agroécologies). La pêche et l’aquaculture devront être 100% durable d’ici à 2030.

Des Assises du bien-être animal seront organisées, la qualité alimentaire sera améliorée grâce à des contrats avec l’industrie agroalimentaire (réduction du sel, du gras, du sucre). Des «chèques alimentation durable» seront expérimentés.

MARINE LE PEN

La représentante du Rassemblement national veut mettre un terme aux marges abusives de la grande distribution et garantir aux paysans des prix respectueux pour leurs produits. Marine Le Pen souhaite contraindre les cantines à utiliser 80% de produits agricoles français dans leurs plats.

Un «plan abattoir» doit être mis en place pour y assurer des conditions dignes et l’abattage sans étourdissement (pour la viande halal et cacher) sera interdit.

Les importations de produits ne respectant pas les normes françaises seront également interdites et l’étiquetage sur l’origine et qualité des produits sera généralisée.

Christiane Taubira propose un chèque alimentaire de 150 euros par mois aux familles les plus modestes, pour leur permettre de se procurer des aliments sains et de qualité. Christiane Taubira souhaite également appliquer une TVA de 0% sur les produits issus de l’agriculture biologique. La filière sera aidée, grâce à un allègement des dettes pour les paysans.

La sortie de l’élevage industriel sera actée, ainsi que l’interdiction de l’élevage en cage.

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NATHALIE ARTHAUD

La candidate de Lutte ouvrière n’a pas encore détaillé de point spécifique à l’agriculture et l’alimentation dans son programme. Elle indique toutefois être contre l’élevage et l’abattage intensifs.

VALÉRIE PÉCRESSE

La concurrente des Républicains pour la présidentielle veut permettre aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus en baissant leurs cotisations vieillesse, et leurs taxes foncières. Elle souhaite dans le même temps leur offrir une retraite décente et garantie, qui ne pourra pas être en-dessous du SMIC. Un complément leur sera même octroyé s’ils transmettent leur exploitation à un jeune repreneur. Une aide pour l’achat du terrain sera proposée à ces derniers.

Pour éviter une concurrence déloyale avec les produits étrangers, Valérie Pécresse propose d’obliger la réciprocité des standards et des normes, pour les obliger à respecter ceux auxquels doivent se soumettre les paysans français. La traçabilité totale des produits agricoles et agroalimentaires sera assurée.

Concernant l’alimentation, elle veut revoir la façon dont les commandes publiques sont passées afin d’instaurer une préférence au local dans la restauration scolaire, hospitalière et administrative.

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JEAN LASSALLE

Jean Lassalle annonce vouloir réformer la PAC pour que les aides aillent aux agriculteurs respectant la terre et leurs bêtes, plutôt qu’à ceux exploitant de grandes parcelles et faisant de la «spéculation foncière».

Jean Lasalle défend le recours aux circuits courts et aux produits locaux dans les cantines mais aussi dans la vie courante, avec la création d’un «ticket paysan», sur le même principe que le «ticket restaurant» (pour acheter aux producteurs du secteur ou de la région).

Il souhaite que les signes de qualité et d’origine (labels, AOC, AOP…) soient conditionnés à la transmissibilité des exploitations aux nouvelles générations, mais aussi aux questions de bien-être des paysans (en plus des qualités gustatives et des bénéfices pour la santé des consommateurs).

PHILIPPE POUTOU

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste stipule dans son programme vouloir mettre fin aux intrants chimiques, afin de conserver les sols et préserver les paysages. Philippe Poutou se prononce contre le «fonctionnement productiviste actuel». Une nouvelle agriculture sera mise en place, accompagnant la «végétalisation de l’alimentation», qui permettra d’en finir avec l’élevage industriel.

JEAN-LUC MÉLENCHON

Jean-Luc Mélenchon veut créer un ministère de la production alimentaire, afin de créer «300.000 emplois» dans une agriculture «relocalisée, diversifiée et écologique». Mélenchon souhaite sortir de l’élevage industriel et interdire l’utilisation des pesticides.

NICOLAS DUPONT-AIGNAN

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan défend l’incitation des collectivités publiques à se fournir chez des producteurs locaux pour les cantines, à privilégier les circuits courts pour faire baisser les prix tout en augmentant les revenus des producteurs, ou le lancement d’un grand plan de consommation de fruits et légumes. Il veut aussi devenir leader mondial sur le bio et permettre une meilleure gestion des sols et de l’eau.

Les cotisations sociales agricoles seront supprimées, les dettes des agriculteurs seront restructurées, l’Etat cautionnera 50% du montant des prêts pour l’achat de terres par des jeunes paysans et la vente des parcelles à certaines puissances étrangères sera impossible.

Enfin, si la PAC ne revient pas à une préférence communautaire, des prix garantis et des quotas d’importation, alors il faudra mettre en place une politique agricole nationale pour la remplacer. L’étiquetage du pays d’origine des produits sera rendu obligatoire.

(agences)