La guerre en Ukraine fait rage depuis plusieurs jours. Pour dénoncer l’invasion russe, la France, via le président Emmanuel Macron, et ses alliés ont établi une série de sanctions. Qu’en pensent les candidats à l’élection présidentielle et qu’auraient-ils fait à sa place ? Tour d’horizon.

Regain d’inflation, secteurs déstabilisés : les conséquences économiques de la guerre en Ukraine inquiètent les candidats à la présidentielle 2022. Emmanuel Macron a promis samedi d’en protéger les Français et de bâtir un « plan de résilience » agricole. Le conflit « durera » et « il faut nous y préparer », a-t-il ensuite mis en garde devant des responsables agricoles au Salon de l’Agriculture.
La situation est incertaine, alors qu’avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’accélération de l’inflation avait déjà mis le pouvoir d’achat au premier rang des préoccupations des Français dans cette campagne présidentielle, poussant les candidats à multiplier les propositions en faveur de hausses de salaires, baisses de charges ou économies d’énergie pour réduire la facture.
Or, le début du conflit s’est traduit immédiatement par un bond des cours mondiaux du pétrole, du gaz et de certaines matières premières dont le blé, et les acteurs économiques, professionnels de l’alimentation en tête, craignent désormais que Moscou n’instaure des mesures de rétorsion aux sanctions occidentales. Alors que proposent les candidats pour faire face à ces craintes ? On récapitule.

Emmanuel Macron prévoit des « boucliers » et mise sur la « souveraineté alimentaire »

Le président français, qui a dû encore repousser sa déclaration de candidature à la présidentielle du fait du contexte international, a passé un « message de protection ». Il a par ailleurs confié qu’il faudra « accompagner » les agriculteurs « en termes de revenus », et les Français « sur les impacts en termes de coûts immanquablement ».

Emmanuel Macron a prédit samedi « de manière certaine des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières » du vin, des céréales et de l’alimentation du bétail.

Ainsi le gouvernement travaille-t-il à un « plan de résilience » pour « sécuriser pour nos filières nos intrants », « bâtir des boucliers en termes de coûts » et « apporter des réponses dans la durée », a annoncé le président-quasi candidat, en insistant sur « l’importance de la souveraineté agricole et alimentaire » de la France.

Jean-Luc Mélenchon favorable à « réfléchir avant »

Ire immédiate du candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, mis sur la défensive pour des positions jugées pro-russes. « Les conséquences, on pouvait pas y réfléchir avant ? », a-t-il interrogé depuis l’île de La Réunion.

Il a aussi accusé Emmanuel Macron de s’être « mis en scène en train de réfléchir profondément et de téléphoner » tandis que Vladimir Poutine « le baladait ». « Et maintenant il veut nous expliquer comment on doit faire en matière d’agriculture ? C’est une mauvaise blague ! », a-t-il lancé.

L’extrême droite entend préserver le pouvoir d’achat et les « intérêts » français

Également épinglée pour des déclarations pro-russes difficiles à assumer en ces temps de guerre, la candidate du RN Marine Le Pen est plus à l’aise lorsqu’il s’agit d’alerter sur les conséquences potentiellement « terrifiantes » sur le pouvoir d’achat des Français des sanctions occidentales contre la Russie.

« Les sanctions en elles-mêmes seront inefficaces » et « toucheront » les « intérêts » français, a abondé son rival d’extrême droite Eric Zemmour vendredi lors d’un meeting à Chambéry (Savoie).

Valérie Pécresse veut des « productions stratégiques en Europe »

À droite, la candidate LR Valérie Pécresse craint aussi les « rétorsions russes sur les produits alimentaires français », et a plaidé vendredi pour définir « au niveau de l’Union européenne les productions stratégiques en Europe ».

Anne Hidalgo veut s’appuyer sur « l’action climatique internationale »

Lors d’une conférence de presse le jeudi 24 février, Anne Hidalgo a promis que si elle était présidente, « l’action climatique internationale serait le premier pilier de [sa] politique internationale » si elle était élue. Elle estime qu’il faut réduire « notre dépendance énergétique » afin de « rendre la paix plus durable ».

La candidate socialiste mise sur des politiques préalables afin de préserver la France des conséquences d’éventuelles guerres. Selon elle, « plus que jamais temps de solidifier une politique européenne de sécurité et de défense prenant appui sur un mécanisme de coordination et de décision commune ».

Le conflit en Ukraine s’immisce dans la campagne

La campagne, qui avait du mal à décoller, asphyxiée par la crise sanitaire, et en l’absence dans l’arène du président sortant, est plus que jamais chamboulée par la guerre en Ukraine.

Valérie Pécresse a maintenu un déplacement en Normandie, tout en reconnaissant que cela pouvait paraître « décalé » eu égard au contexte international. Et pour Jean-Luc Mélenchon depuis La Réunion, « en démocratie, on ne s’arrête pas parce que la Russie a envahi l’Ukraine ».

Mais l’écologiste Yannick Jadot a annulé un déplacement à Clermont-Ferrand, la socialiste Anne Hidalgo transforme son meeting de samedi soir à Bordeaux en événement en soutien au peuple ukrainien, et le communiste Fabien Roussel ajoute à son agenda un rassemblement de soutien à l’Ukraine, à Lille samedi à la mi-journée.

(agences)