Par Raouf KHALSI

Titre principal, avant-hier, du très influent journal AL Ahram : Abdelfattah Essissi et Abdelmajid Tabboune soutiendront encore Kais Saied. C’est, du moins, ce qu’a dit le Président égyptien, lors de l’audience accordée, au Caire, au ministre algérien des Affaires étrangères.

Pourquoi Essissi a-t-il tenu à le rappeler en ce moment précis ?

D’abord, c’est dans le fil droit de l’axe Tunis-Alger-Le Caire, né, justement, au lendemain du 25 juillet.

On se rappelle aussi les prises de position d’Alger en faveur de la Tunisie après l’activation de l’article 80 par Kais Saied. Et, surtout, à la faveur des bombardements actionnés par « les démocraties occidentales ». Saied aura subi toutes sortes de pressions ainsi que d’insoutenables injonctions. Paris, Washington, l’Union Européenne, le G7 et toute l’armada des puissances mondiales se sont, en effet, lâchés sur la Tunisie, exigeant le rétablissement des « institutions démocratiques » dont, essentiellement, le Parlement hérétique de Rached Ghannouchi, véritable cour des miracles.

Ensuite, il faut bien tenir présent à l’esprit ce que disait Tabboune à la fin de l’été dernier sur certaines confidences que lui avait faites Saied ; confidences qu’il ne pouvait révéler, mais qui en disait long sur le moment difficile que traversait le Président (et qu’il traverse encore).

Enfin, ce qui s’est passé vendredi (14 janvier dernier), lors des manifestations réprimées par les forces sécuritaires, ne pouvait ne pas alerter l’opinion internationale, mais avec des interprétations pour le moins ambivalentes.

De tout temps, Alger a toujours prêté l’oreille à ce qui se passe en Tunisie. Et vice-versa. Et, quoique plus loin géographiquement, Le Caire est très sensible aux mouvances politiques tunisiennes. Parce que la Maréchal Essissi ne saurait ignorer que l’onde de choc de la révolution tunisienne a, aussi, fortement retenti jusqu’en Egypte, éclaboussant le régime Moubarak et consacrant la montée des Frères musulmans, autant que chez nous.

A Alger, comme au Caire, on sait que « la toute petite Tunisie » est capable de bouleverser toutes les donnes régionales. Sa stabilité représente, donc, un impératif géostratégique déterminant. Et le Président égyptien a bien précisé qu’il étaitrésolu, lui, autant que son homologue algérien, à soutenir Saied. Soit.

Il reste à savoir ce qu’ils entendent par « soutien ». A l’heure où nous nous apprêtons à affronter les réticences du FMI, serait-ce dans le sens d’une intervention auprès des pays amis, ou auprès des instances internationales ? Ou, tout simplement, ce qui serait mieux explorable, d’un soutien matériel, impliquant les monarchies (revêches) du Golfe ?