L’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes a publié, aujourd’hui, son rapport national annuel pour l’année 2020.

Raoudha Laabidi : « Nous avons travaillé sur des statistiques nationales, pas sur des chiffres sectoriels »

Raoudha Laabidi, présidente de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes

Interrogée par le « Temps News », la présidente de l’Instance Raoudha Laabidi a indiqué que « ce rapport et le fruit de collaboration entre plusieurs parties notamment les ministères et la société civile ».

Les statistiques publiées dans ce rapport ne concernent pas, uniquement, l’instance mais elles sont, plutôt des statistiques nationales qui concerne tout l’Etat. »

Notre interlocutrice a ajouté :  » Normalement le rapport doit être publié le 23 Janvier mais puisque quelques ministères ont fait un retard au niveau de collecte des données notamment le ministère de la Femme et le ministère de la Justice donc le rapport a été publié quelques mois après la date prévue.  Nous avons voulu travailler sur des statistiques nationales et non pas sectorielles. »

Concernant les principaux contraintes que l’Instance a envisagés au niveau de l’élaboration du rapport, Laabidi a précisé que  » le seul problème que l’Instance envisage consiste, principalement, au manque des spécialistes. Par exemple, l’instance a, vraiment, besoin de statistes pour faciliter sa tache. »

Le rapport annuel sous la loupe de trois ministères

Plusieurs ministères ont attiré l’attention aujourd’hui sur les principaux point évoqués dans le rapport.

Dans un communiqué rendu public , le ministre des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Tunisiens de l’étranger, Othman Jerandi, a exprimé son appréciation pour les efforts précieux déployés par l’autorité pour combattre et prévenir le crime de traite des personnes et prendre en charge les victimes malgré les capacités matérielles et logistiques limitées.

Dans le même contexte, Jerandi a souligné la gravité du crime de traite des personnes  comme une grave violation des droits de l’homme et une forme contemporaine d’esclavage et de servitude, qui appelle à des efforts nationaux concertés pour le combattre afin de préserver les droits de l’homme.

Jerandi a, également, précisé que le ministère des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Tunisiens de l’étranger est un partenaire clé de l’autorité, que ce soit dans le cadre de la coopération bilatérale ou de la coopération multilatérale.

Le ministre a expliqué que « notre pays est aujourd’hui confronté à de nombreux défis et que nous devons tous assumer nos responsabilités communes en élaborant un plan d’urgence pour faire face aux phénomènes de migration et d’asile et contenir leurs répercussions, y compris la traite des êtres humains. »

 

 

Pour sa part, Amel Belhaj Moussa, ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées a met l’accent sur l’importance du rôle joué par les femmes rurales, lors de l’ouverture du colloque du lancement du rapport.

Selon la ministre, la  solution réside en l’augmentation du nombre de femmes rurales entrepreneures et leur possession de terres et de moyens de production.


D’après la même source, les trois quarts des étudiants des instituts spécialisés en sciences agronomiques sont des jeunes femmes.

De sa part,  la ministre de la Justice, Leila Jaffel, a rappelé l’initiative de la Tunisie en tant que premier pays au monde à abolir officiellement l’esclavage et la servitude le 23 janvier 1846 et à empêcher la traite négrière depuis 1841.

La ministre a également indiqué que le législateur tunisien, lors de la promulgation de la Loi fondamentale n°61 de 2016 du 03 août 2016 relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes, a adopté les principes inscrits dans ces textes universels en approuvant :
• Prévenir et combattre toutes les formes d’exploitation auxquelles les personnes peuvent être exposées, en particulier les femmes et les enfants.
• Infractions pénales relatives à la  traite des personnes.
• Soutenir la coordination nationale et la coopération internationale dans le domaine de la traite des personnes dans le cadre des accords internationaux, régionaux et bilatéraux ratifiés.
• Développer  des mécanismes pour protéger  les victimes de la traite des personnes
Outre la création de l’Instance  nationale de lutte contre la traite des personnes et la réglementation de ses fonctions

A noter que, la Loi organique n° 2016-61 du 3 août 2016 « vise à prévenir toutes formes d’exploitation auxquelles pourraient être exposées les personnes, notamment, les femmes et les enfants, à lutter contre leur traite, en réprimer les auteurs et protéger et assister les victimes » (Article 1)

« Est considérée comme traite des personnes, l’attirement, le recrutement, le transport, le transfert, le détournement, le rapatriement, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par le recours ou la menace de recours à la force ou aux armes ou à toutes autres formes de contrainte, d’enlèvement, de fraude, de tromperie, d’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité ou par l’offre ou l’acceptation de sommes d’argent ou avantages ou dons ou promesses de dons afin d’obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation, quelle qu’en soit la forme, que cette exploitation soit commise par l’auteur de ces faits ou en vue de mettre cette personne à la disposition d’un tiers. »

Selon la même source, « Est puni de dix ans d’emprisonnement et d’une amende de cinquante mille dinars, quiconque commet l’une des infractions relatives à la traite des personnes prévues par l’alinéa premier (1) de l’article 2 de la présente loi. » (article 8)

Ghada Dhaouadi