Après plus de deux mois d’arrêt de l’approvisionnement en huile végétale, Jamel El Oref, trésorier du Groupement professionnel des conditionneurs de l’huile alimentaire subventionnée, relevant de la CONECT a annoncé lundi à l’agence TAP la reprise de la distribution à partir d’aujourd’hui. Une bouffée d’oxygène pour les consommateurs tunisiens qui sont contraints d’acheter l’huile végétale conditionnée à des prix exorbitants, pesant lourdement sur leur pouvoir d’achat.

Faute de régulation du marché, ce produit de première nécessité se fait de plus en plus rare sur le marché. La Chambre syndicale nationale des conditionneurs d’huiles alimentaires relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) a annoncé au mois d’août la coupure de l’approvisionnement en huiles végétales subventionnées. La Chambre syndicale avait nié toute responsabilité suite à la coupure successive de l’approvisionnement du produit en question et a mis en garde contre les répercussions de ces coupures successives sur l’augmentation des prix au public et sur la faillite des usines.

Jamel El Oref, a affirmé à l’agence TAP la reprise à partir d’aujourd’hui de l’approvisionnement de l’huile végétale subventionnée. « Une quantité de 9000 tonnes sera mise sur le marché, une quantité insuffisante, susceptible de satisfaire la demande pour 20 jours uniquement », a précisé le responsable.

Et d’ajouter que la ministre du Commerce et du Développement des exportations, Fadhila Rabhi Ben Hamza a promis de réguler le marché de l’huile végétale subventionnée, d’ici la fin d’année.

Revoir le système de compensation de fond en comble

L’huile végétale compte parmi les matières subventionnées par l’Etat à travers la caisse nationale de la subvention, et ce à hauteur de 1,500 dinar par litre et est vendue au consommateur tunisien à 0,900 dinar/ litre. Le pays importe en moyenne mensuelle 14500 tonnes de l’huile végétale ou de l’huile de soja qui sont conditionnées par 43 unités privées. La hausse des prix à l’importation, la spéculation, la contrebande et la défaillance des circuits de distribution seraient à l’origine de la perturbation de la distribution de cette denrée de première nécessité.

 

En mois de juillet dernier, l’Office de l’Huile a déjà injecté neuf mille tonnes d’huile subventionnée sur le marché ; une quantité qui s’est vite évaporée en cours de route. A qui profite le crime ? Une question qui soulève encore une fois la question des subventions et la déficience totale du système. Une subvention qui ne profite pas aux nécessiteux, d’où l’urgence de revoir le système de compensation de fond en comble.

290 MD de subventions pour les huiles végétales

Les dépenses de compensation ne font qu’alourdir le budget de l’Etat. Selon le budget de l’Etat pour l’exercice 2021, les dépenses de subvention sont estimées à 3,401 milliards de dinars dont 2,4 milliards de dinars pour les produits de base. Les subventions sont de 1,804 milliard de dinars pour les céréales, 290 MD pour les huiles végétales. En effet, la compensation a atteint un chiffre record dans le budget rectificatif 2020, soit un portefeuille de 6,186 milliards représentant 12% du budget et 5.5% du PIB. Des chiffres qui font grincer les dents et enfoncerdes finances publiques qui sont déjà aux abois.

La refonte du système de subvention fait partie des priorités du nouveau gouvernement. Une refonte qui doit préserver le pouvoir d’achat du consommateur notamment à revenu faible tout en prenant en considération les contraintes budgétaires.

Yosr GUERFEL AKKARI