Dr. Tahar EL ALMI,
Prof. Associé à l’IHET,
Institut des Hautes Etudes-Tunis,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

 

 

 

 

 

 

 

A la veille de la rentrée économique et sociale, trois points spécifiques retiennent notre attention.

  1. L’apathie de la croissance.
  2. La résurgence de l’inflation moyenne au-delà des 6,0%
  3. L’insoutenabilité de la dette publique.

Les deux premiers indiquent l’apparition de la stagflation.

Le troisième, est la conséquence des deux premiers, et nous y reviendrons.

Un constat très amer, au vu des efforts des autorités dans la conduite de la stabilisation-relance de l’économie.

Pourtant, dans les couloirs feutrés de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) on chuchote que « La série de hausses successives des taux directeurs risque de céder le pas à des mesures non conventionnelles drastiques pour freiner l’accès au crédit ». C’est « chuchoté », et on y vient.

L’instrument « taux de l’intérêt » épuisant, a épuisé des effets.

Ce qui porte à croire que la Tunisie serait en marge du syndrome collapsus monétaire, où le renchérissement des taux n’incite plus à se détourner des crédits bancaires.

Pourtant, la demande de crédit des entreprises devient excessivement sensible aux coûts financiers même elle reste déterminée par le niveau d’activité et par la demande perçue par les firmes.

Fondamentalement, la BCT « a sans doute tiré ses dernières cartouches » comme le fait remarquer un observateur averti du marché monétaire de la place, que nous ne nommons pas, pour ne pas écorcher son humilité.

L’arme des taux semble bien impuissante à juguler l’inflation et stimuler le pouvoir d’achat et donc la demande de consommation, levier principal de l’activité et de la croissance en Tunisie…

« La hausse des taux d’intérêt n’est pas forcément le meilleur moyen de combattre l’inflation en Tunisie, par les temps qui courent » ; Chose que les études empiriques attestent et que constate le patron d’une banque de la place… et qui conclue « qu’elle (l’arme des taux) est obsolète » dans une économie en proie à des déséquilibres structurels endémiques.

C’est l’impasse ?

La BCT ne serait-elle pas amenée à faire « jouer » le mécanisme de la déflation par une baisse « continue des salaires réels » pour stimuler la demande et la production ?

Mais alors, c’est le syndrome de la déflation qui a été savamment critiquée par J. M. Keynes : la déflation entraine la déflation et une montée du chômage et au bout, la montée du protectionnisme. On y vient.

N’est-ce pas l’émergence de l’épiphénomène que nous vivons depuis quatre années ?

A ce niveau, la sémiologie de la crise actuelle que traverse la Tunisie aux niveaux économiques et financiers, semble aboutir à une « thérapeutique » à l’identique des préconisations des gourous du libéralisme « newlook » à l’adresse des gouvernants des pays en transition économique.

Quels effets à moyen terme de la thérapeutique orthodoxe ?

Tous les auteurs sont unanimes pour considérer que la déflation constitue les fondements « économiques et financiers » des grandes crises sociales et des bouleversements politiques majeurs.

Ne serait-il opportun de se demander s’il ne serait pas plus « judicieux » de relancer plus vigoureusement l’activité économique, sans passer par la déflation, la montée du chômage.

Avec, au final, une véritable impulsion sociale avec ses grands dommages collatéraux. *

                         T.E.A